MON VILLAGE

HISTOIRE

Montjoux à travers les époques

Note rédigée par Claude James

Dès les temps préhistoriques et gallo-romains, le territoire de Montjoux a été parcouru par les hommes. Les documents ténus retrouvés concernant l’époque chasséenne du néolithique moyen (-3000 ans avant notre ère) en témoignent, ainsi que des céramiques sigillées et kaolinithiques du début de notre ère.

L’origine « jupitérienne » de Montjoux ne peut être tout à fait écartée : la dénomination du premier château et de sa chapelle au sommet de l’Adret, aujourd’hui entièrement rasés, castrum Montis Jovis en 1278 et capella Montis Jovis au XIVème siècle, prêche dans ce sens. On sait par un acte antérieur qu’en 1242 Raymond de Baux, Prince d’Orange, cède ses droits sur Montjoux à Dragonnet de Montauban et que, par les archives du Vatican (volume 12), la taxe des décimes de la chapelle de Montjoux, en 1275, est de deux livres.

Le château de style Renaissance, en parfait état aujourd’hui, a été construit à l’écart du Vieux Village de Montjoux par la puissante famille des de Vesc. C’est Claude de Vesc qui en est l’auteur, peu avant 1498.

Le Vieux Village s’est développé autour de l’Eglise Saint-Etienne, du XIIIème siècle, puis d’un Hôpital fondé par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dont la Commanderie est située au Poët-Laval, et d’un péage appartenant au seigneur. L’ancien chemin de Montjoux à Béconne passait par le Mas Saint-Etienne, par la tour « Bâtie-La-Lance » datant de la fin du XIIIème au quartier des Catinoux, puis par le Col Imbert.

Le hameau de La Paillette, devenu aujourd’hui le centre administratif et commerçant du village, est situé à la convergence des vallées de Vesc et de Teyssières. Il a vu au XVIème siècle la construction d’un premier Temple, rasé au moment de la Révocation de l’Edit de Nantes en 1698. La très grande majorité des habitants avait suivi leur seigneur Jean de Vesc pour embrasser la religion protestante en 1561. Le Temple actuel n’a été construit qu’en 1825.

La route de Dieulefit à Valréas qui passe dans la Malaboisse (D538), ainsi que les ponts sur le Lez furent construits de 1816 à 1833.

Les bâtiments remarquables de Montjoux - Le Château

Le château de Montjoux a été construit par Claude de Vesc, au retour des premières guerres d'Italie conduites par Charles VIII entre 1494 et 1497.
On sait en effet que, le 1er janvier 1498, Claude de Vesc, fils de Rostaing de Vesc et de Dauphine Arnaud, rédigea son testament "en la forteresse neufve de Montjoux" et y nomma Nézette d'Urre "sa bien aymée femme", son frère Aymar de Vesc, évêque de Vence, son fils Jean de Vesc qui avait été en 1485 chanoine de la Sainte-Chapelle à Paris puis évêque d'Agde en 1494, et ses autres enfants.

Le Château de Montjoux

Le "castrum Montis Jovis" (château Mont Jovis) est déjà cité en 1278 dans les inventaires des possessions des Dauphins de France, mais le château mentionné à cette époque n'est pas celui qui est aujourd'hui visible : peut-être n'était-il même pas édifié exactement au même endroit.

Le château est implanté en bordure des terres cultivables, au pied du relief le protégeant de la bise. Le moulin voisin était alimenté par une dérivation du Lez. Un chemin permet toujours de rejoindre le hameau de Paulhiet, toponyme d'origine latine = le domaine de Paul, dépendant encore aujourd'hui de la commune de Vesc.
Le château est organisé autour d'une cour, marquée par une chapelle gothique au Sud-Est, le logis seigneurial principal à l'Ouest et l'entrée au Nord. Le logis seigneurial principal est encadré à l'Ouest par deux tours cylindriques. L'arche d'une porte d'entrée au Nord est vaguement protégée par deux meurtrières superposées, ce qui suggère qu'une attaque n'était pas vraiment crainte. Et encore cette partie offre des fenêtres à meneaux plus archaïques que celles du logis.
La totalité des constructions, y compris celle de la chapelle gothique, est couronnée d'une belle corniche moulurée qui marque la fin d'un chantier. La façade sud offre l'échantillonnage chronologique des constructions : à droite une chapelle gothique ; à gauche le logis seigneurial principal aux fenêtres les plus joliment sculptées ; au centre une partie saillante aux fenêtres aux meneaux plus rustiques, semblables à ceux de la façade nord.

Le Château côté cour

La cour n'est pas fermée à l'Est, mais une hauteur importante la protège des intrusions indésirables, à défaut des jets de fronde dans les carreaux.
Partiellement ouverte, la cour offre donc un confort remarquable pour l'époque, encore goûté aujourd'hui.
Montjoux fut vendu par les Vesc en 1624 aux Rigot qui en restèrent les seigneurs jusqu'à la Révolution.

Pendant la seconde guerre mondiale, le château abrita le siège du commandement de la Resistance dans le secteur Sud-Drôme.

Il est aujourd'hui la propriété de Noël Perez et n'est pas ouvert au public.

Source : Frédéric Morinhttp://www.chambres-hotes-morin-salome.fr/Montjoux.html

Les bâtiments remarquables de Montjoux - L'église

Source : La Drôme romane, Patricia Carlier et Frédéric Morin, 1989.

La construction de l’église Saint-Etienne de Montjoux se situe au début du XIIIème siècle.
L’édifice est composé d’une abside semi-circulaire ouvrant sur une nef unique. A cet ensemble roman recouvert à l’intérieur de peintures du XIXème siècle, a été tardivement accolé un préau charpenté prolongeant la nef, sorte de vestibule sans portail. Une sacristie est adjointe.
Le voûtement de la nef a été largement repris, il repose sur des corniches et arcs de décharge romans.
Les deux impostes des piles de l’abside sont ornées de motifs à enroulement archaïsants. Ces impostes sont dans leur facture, assez semblables à certains éléments de Saint-Paul de Comps, de Saint-Jean de Crupies, voire de Saint-Jean des Commandeurs de Poët-Laval, trois chapelles du XIIème siècle situées dans les environs immédiats.

Terre des Comtes de Diois et de Valentinois, le fief de Montjoux appartint très tôt à la famille des Vesc. Hugonin de Vesc, Seigneur de Montjoux dès 1170 par son mariage avec Doucine Alleman, Dame de La Bâtie-Rolland, s’engagea en croisade en 1180.
Montjoux a été le péage de la seigneurie à une époque où la route Dieulefit-Valréas n’existait pas. Le chemin passait alors par le hameau, puis par le col Imbert, pour rejoindre Béconne.
Le prieuré séculier de Saint-Etienne de Montjoux avait droit à la dîme.

L'église de Montjoux

A travers des rapports de visites d’évêques, des archives de l’Evéché de Valence, des archives notariales et communales, ainsi que des recherches de Monsieur Girard consignées dans son livre édité en 1920 « Notice historique sur Montjoux », on peut retracer assez fidèlement l’évolution de l’édifice au fil des siècles.
C’est ainsi que l’on sait par exemple qu’en 1509, l’Evêque ordonne de démurer la fenêtre située derrière le grand autel et de la vitrer. En 1630, l’église est découverte, les habitants, aussi bien les catholiques que les huguenots, promettent de la recouvrir « à frais communs ». En 1644, le chœur de l’église est en état, les murailles de la nef subsistent avec deux arcades. En 1759, l’Evêque note que « le toit est en bon état, mais que le terrain qui domine l’église cause de l’humidité et empêche que l’on puisse blanchir les murs ; le sol est fait de pierres plates inégales, la voûte et les murailles du côté sud ont besoin de réparations, les fenêtres et l’œil de bœuf sont vitrés, le clocheton au-dessus de la porte contient deux petites cloches ».
En 1792, l’église perd des objets de valeur qu’elle donne pour participer à l’effort de guerre : ciboire, patène, calice, ostensoir. La cure et le jardin du curé sont vendus à des particuliers. En 1821, l’église menace ruine et nécessite des réparations urgentes ; elle est « sauvée » six ans plus tard, grâce à une subvention de l’Etat et aux 100 francs alloués par la commune.
En 1855, le curé de Teyssières, desservant Montjoux, fait des quêtes pour des réparations ; en 1877, l’évêque note que « l’humidité y est permanente, que la voûte est un peu tachée, qu’il n’y a pas de sacristie » ; en 1913, on refait la façade, puis en 1922, le badigeonnage intérieur. La sacristie est probablement construite en 1924. La toiture de la partie la plus ancienne et le clocher sont refaits en 1948, l’autel est démoli pour agrandir le chœur, la cloison séparant la nef du vestibule est construite, le vestibule est découvert. Il est à nouveau couvert en 1966, date à laquelle est réalisée l’électrification du bâtiment.

L'église Intérieur

D’importants travaux ont été réalisés dans les années 90 : la reprise des façades, de la toiture, la restauration du clocheton, et plus récemment, le parvis et l’éclairage extérieur. Ces derniers travaux ont été en partie financés grâce aux dons de la famille Targe, une famille lyonnaise très attachée à l’église Saint-Etienne de Montjoux.

Les bâtiments remarquables de Montjoux - L'école

Façade de l'école

La mairie-école de Montjoux a été construite en 1884, à une époque où la commune comptait 486 habitants.
Le corps central était occupé au rez-de-chaussée par la grande salle de classe et à l’étage par le logement de l’instituteur qui faisait souvent office de secrétaire de mairie. Les deux ailes du bâtiment abritaient la mairie et le préau des garçons d’un côté, le préau des filles de l’autre.
Au fil des ans et avec la généralisation de la mixité dans les écoles, la répartition des différents locaux et de leur usage changea plusieurs fois. Ainsi, l’aile droite fut occupée successivement par les bains publics, le ping-pong, une salle de classe. Elle est aujourd’hui la cantine scolaire.
L’actuel préau dans la cour de l’école date de 1968.

Ancien plan de l'école

La mairie quitta définitivement les murs de l’école en 1992, date à laquelle fut construit le nouveau bâtiment Mairie-Salle des Fêtes. La place libérée permit la création d’une deuxième salle de classe, aujourd’hui salle de repos et d’activités pour les petits élèves.
On doit l’horloge qui orne encore le fronton de l’école à Léopold Mourier, qui fut Maire de Montjoux de 1904 à 1923 et Conseiller Général de 1913 à 1919, et qui finança à titre personnel de nombreux aménagements dans son village natal comme sur l’ensemble du canton de Dieulefit.

La présence d’un instituteur à Montjoux est attestée depuis la fin du XIIème siècle, à l’époque où la scolarité ne durait que six mois par an. Jusqu’à la construction du bâtiment actuel, l’école fut successivement installée dans diverses maisons, au Vieux Village ou dans les hameaux.

Les bâtiments remarquables de Montjoux - Le Temple

Par Jean Dumas

Un premier temple fut construit au 17ème siècle dans le hameau de La Paillette. Mais la Révocation de l’Edit de Nantes, sur ordre du roi Louis XIV, décida la destruction de cet édifice dont la trace n’a pas encore été retrouvée.

Ce n’est qu’après l’édit de tolérance que les protestants purent construire un nouveau temple (en 1827), le temple actuel. Plus tard, il fut rehaussé par le pasteur Alfred Sambuc, dont les descendants habitent toujours dans la commune. La cloche actuelle est plus récente grâce à un don et fonctionne toujours.

Le culte mensuel y a été maintenu jusqu’à récemment, desservi par le pasteur de Dieulefit. Mais hélas, sans financement possible, la dégradation des vieilles pierres menaçant la sécurité des pratiquants. Il fallut supprimer la tribune en baissant la voute. Puis une équipe de bénévoles prit en charge la rénovation de la salle, les « amis du temple » se faisant aider par plusieurs amis catholiques de la commune.

Pour amortir les frais des travaux, il fut décidé d’ouvrir le temple à des animations multiples, concerts, expositions, conférences, s’ajoutant aux cultes et aux célébrations diverses (mariages ou ensevelissements). Si la tribune fut fermée au public, la chaire fut conservée : elle est d’ailleurs indestructible, faite en ciment et non en bois ! On y ajouta une croix murale, on installa l’électricité pour l’éclairage et le chauffage, et le parvis extérieur a été refait par la commune grâce à une aide au patrimoine.

Depuis la rénovation du lieu de culte, en une quinzaine d’années, c’est une centaine d’animations culturelles et cultuelles qui se sont succédées, dont la qualité artistique ou religieuse a toujours été prisée.

Le Temple

Léopold Mourier

L’histoire de Montjoux est indissociable de celle de Léopold Mourier, né en 1862 au quartier du Serre de Turc. Ses parents, Jean-Etienne et Ernestine, y tiennent une auberge. Le jeune Léopold est donc naturellement prédestiné à la cuisine.

Le cuisinier

À l’adolescence, il quitte le pays et entre en apprentissage chez les frères Campé, au Buffet d’Avignon, puis travaille chez son cousin Rivier, restaurateur à Grenoble. À l’âge de 18 ans, exempté de service actif, il décide de monter à Paris. Il y débute comme aide de cuisine au Restaurant Notta où il se familiarise rapidement avec les diverses parties de la cuisine. Déjà considéré comme un ouvrier d’avenir, Léopold Mourier enchaîne alors les contrats dans plusieurs restaurants : en 1883, il est aide-saucier puis chef-saucier chez Maire, dans le Xème arrondissement. En 1885, il devient Chef au Restaurant Napolitain, puis au Restaurant Paillard de la Chaussée d’Antin. En 1886, il regagne le Restaurant Maire où il est placé à la tête des cuisines. Un an plus tard, à l’âge de 25 ans, Léopold Mourier prend la direction de cet établissement dont il fait l’un des restaurants les plus réputés de Paris.
Restaurateur propriétaire, il enchaine les acquisitions d’établissements dont plusieurs deviendront célèbres : le Restaurant Foyot en 1891, le Café de Paris en haut de l’avenue de l’opéra, le Pavillon d’Armenonville en 1900, le Pré Catalan en 1908 et enfin Le Fouquet’s en 1914.
Spécialiste reconnu des banquets, Léopold Mourier s’impose pendant cette période comme le cuisinier attitré des grands repas du Palais de l’Élysée. Et en 1904, il est le premier cuisinier à se voir décerné la croix de la Légion d’honneur par le gouvernement de la République.

Le philanthrope

En 1890, Léopold Mourier est admis comme sociétaire de la Société des Cuisiniers de Paris qui le choisit 13 ans plus tard comme Président, ouvrant ainsi une nouvelle ère placée sous le signe de la philanthropie. Léopold Mourier forme avec Francis Carton, élu Directeur Général en 1912, un duo d’exception. Ils réalisent ensemble de beaux et vastes projets, notamment : l’acquisition d’un immeuble de six étages dans le quartier de l’Opéra pour y installer le siège social de la Maison des Cuisiniers, la création en 1913 d’une caisse de secours ainsi que d’un dispensaire gratuit, la fondation en 1917 d’une maison familiale pour les orphelins de guerre et les retraités à Cormeilles-en-Parisis où Léopold Mourier met à disposition de l’association une propriété avec 4 hectares de terrain. Cette maison est inaugurée en 1919 en présence des Présidents Emile Loubet et Raymond Poincaré.

Léopold Mourier

Le drômois

Léopold Mourier n’a pas oublié d’où il vient et se comporte en bienfaiteur pour son village. Ainsi, on peut lire dans son dossier de légion d’honneur qu’il «subventionne différentes œuvres de bienfaisance du département de la Drôme et distribue annuellement tous les vêtements nécessaires, ainsi que des objets de literie, aux enfants nécessiteux de Montjoux.»
Il est maire de Montjoux à partir de 1908. Pour son deuxième mandat, il est réélu à la quasi unanimité des voix : 74 sur 75 votants ! Il contribue largement au développement de la voirie de la commune, souvent malmenée par les crues du Lez. Ainsi, le 17 novembre 1912, on inaugure la route et le pont métallique sur le Lez ; en 1913, on établit une passerelle au quartier des Ravoux pour relier les deux rives. La même année, on élargit la principale rue de La Paillette et Léopold Mourier achète personnellement à l’intersection des routes de Dieulefit et de Vesc un terrain qu’il destine à la création d’une place. Dès 1913, il obtient une deuxième distribution hebdomadaire de La Poste ; le téléphone fonctionne à partir du 1er mai 1914 ; c’est encore lui qui finance la plaque commémorative en marbre en l’honneur des enfants de Montjoux morts à la guerre.
Il est élu conseiller général du canton de Dieulefit en 1913, fonction à laquelle la maladie le contraint à renoncer en 1919. Il acquiert des carrières d’argile de la région au profit d’une société dont il est le fondateur : l’Association Industrielle Céramique de Dieulefit.
Il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1914 : c’est le ministre de l’Hygiène et de la Prévoyance Sociale qui lui remet la décoration au Pré Catelan, en présence d’Emile Loubet.

L'héritage

Il décède en 1923, à l’âge de 61 ans, dans sa propriété du pavillon d’Armenonville. Ses obsèques sont imposantes, à la mesure de son œuvre. Un long cortège de plus d’un kilomètre traverse tout Paris pour l’accompagner au Père Lachaise, où il repose.
Sans enfant, Léopold Mourier lègue une grosse partie de sa fortune à la Mutuelle des Cuisiniers de France. Il dote également tout son personnel : maîtres d’hôtel, chefs de cuisine et de cave, caissières et employés.
La commune de Montjoux hérite du terrain situé à La Paillette dénommé Place Léopold Mourier et reçoit en espèces une somme de 300 000 francs à placer, afin que les intérêts reçus diminuent les impôts pour les habitants du village. Il lègue à la ville de Dieulefit la pleine propriété de ses carrières d’argile «afin d’assurer de façon constante et économique aux potiers de cette commune et des environs la matière nécessaire à leur fabrication». Il donne une somme de 250 000 francs en espèces à l’hôpital de Dieulefit, «à condition que ladite commune réserve toujours dans ses hospices deux lits pour les malades de Montjoux».

Paul Bouillard, célèbre cuisinier, drômois lui aussi, dira de Léopold Mourier : «Arrivé à une situation considérable, officier de la Légion d’Honneur, il laisse une fortune importante estimée à 20 millions. Il a contribué largement à la prospérité de la capitale, il a fait de son Association la plus belle qui soit. Mais, se souvenant qu’une «veste blanche» était à l’origine de sa fortune, il n’a pas oublié ses collaborateurs, petits et grands. Quel exemple !"

Un hommage a été rendu à Léopold Mourier en 2013 au Relais du Serre pour le passage du Tour de France.

Source: Recherches/Revue Drômoise - Annie Friche

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